Pascal Abbatucci Julien – batterie
Régis Laugier – basse, voix
Arnaud Maguet – percussions, synthétiseurs, effets
Nico Morcillo – guitare
Andrya Ambro – batterie, voix, effets
Sarah Register – guitare, voix, effets
Musique réalisée par Hifiklub
Enregistrée par Olivier Cancellieri
Mixée par Aaron Mullan
Masterisée par Sarah Register au studio The Lodge (New York, NY)
Film réalisé et monté par Arnaud Maguet
(P) & (C) 2013 Parallel Factory/ Les Disques En Rotins Réunis
Le film La Dernière Torpille, présenté sous la forme d’une exposition à la Galerie des Musées de Toulon (21 juin > 31 août 2013), se situe dans le prolongement direct de l’œuvre audiovisuelle Back To La Tomate (voir page dédiée) et s’inscrit donc dans le cadre plus vaste du projet On Dirait Le Sud (voir page dédiée), proposition d’Hifiklub et Arnaud Maguet consistant en une cartographie lacunaire de ces lieux vouées à une disparition prochaine (ou à une réhabilitation) dans la région toulonnaise.
Arnaud Maguet précise ainsi la démarche. « Lorsque l’on songe à l’esthétique de la friche industrielle, les images des vallées sombres et des plaines grises de latitudes moins clémentes viennent à l’esprit : le Nord, le Centre et l’Est du pays et leurs industries métallurgiques déclinantes, ou plus à l’Est encore, Berlin et son architecture rude et bicéphale dont se sont emparés nombre d’artistes. Sur la côte Sud, Marseille fait figure d’exemple avec la réhabilitation de sa Friche de la Belle de Mai et des docks, mais quid de l’agglomération toulonnaise ? Toulon n’a jamais été une grande cité industrielle. La ville a toujours été ceinte par une double activité touristique et militaire, mais jamais d’industries lourdes, voraces en hommes et en espaces ne s’est durablement implantées sur cette côte – les chantiers navals de la Seyne-sur-mer, le seul contre- exemple, est en grande partie tombé en désuétude.
Néanmoins, des bâtiments, souvent modestes mais aux architectures caractéristiques des fonctions spécifiques qu’ils ont jadis occupés, demeurent encore aujourd’hui debout et témoignent, malgré des états de délabrement plus ou moins avancés, de l’Histoire et des histoires propres à ce territoire. »
En compagnie du duo new-yorkais Talk Normal, Hifiklub et Arnaud Maguet dresse en quelque sorte ici le portrait du Môle de Pipady, centre d’expérimentation naval (1935-1979) à propos duquel Emmanuelle Braud-Oppenheim nous libre ci-après quelques précisions.
C’est à Pipady, dans la petite rade de Toulon près de la Tour royale, qu’est créé, au sein de la Direction des constructions navales (DCN) en 1888, le premier atelier des torpilles français. Dès 1912, un appontement de réglage, encore visible aujourd’hui, sert au lancement, à la visite, au démontage et au lestage des torpilles. Lors de la Seconde Guerre mondiale, la torpille Louis Khan (LK 1 et 2) y sera notamment fabriquée dans le plus grand secret. À la fin de la guerre, l’atelier, miraculeusement intact, est utilisé pour les réparations et l’entretien des bâtiments, à la place de l’atelier de mécanique générale.
Délocalisé avec le Service études à Saint-Tropez, Toulon ne conserve plus qu’un rôle de port pilote pour la gestion et la maintenance des torpilles en service. Appuyant le rôle de plus en plus prépondérant des transmissions dans la Marine, Pipady accueille à partir de 1945 un centre d’études, dit de Pipady, véritable laboratoire chargé par le Service technique des constructions et armes navales (STCAN) de mener à bien les études et les expérimentations relatives aux équipements et systèmes de transmissions, de radionavigation et de guerre électronique.